Un livret truffé de points d'interrogation, une musique trouée de silences, des personnages flous et un contexte indéterminé : « Pelléas et Mélisande » accorde aux interprètes autant de liberté qu'il leur pose de questions. Au théâtre des Champs-Elysées, Eric Ruf a choisi de développer cette variation sur le thème de Tristan et Isolde (l'amour adultère de Pelléas et Mélisande, la jalousie de Golaud) dans une évocation de « la base sous-marine de Lorient ». Le règne de l'obscurité et de l'humidité soumet les corps et les esprits à une terrible tristesse, à un état quasi dépressif qui semble condamner d'avance l'amour naissant entre Mélisande et Pelléas, demi-frère de son époux Golaud. Sa direction se montre au contraire très précise, finement nuancée, laissant entendre de nombreux détails d'orchestration (les échos scintillants des percussions) et obtenant de l'Orchestre national de France des couleurs diaphanes et des traits justes. OPÉRA « Pelléas et Mélisande », Dir.

Source: Les Echos May 11, 2017 03:33 UTC