De même Gerra honore nécessairement ceux qu’il caricature, et dans le cas de Johnny Hallyday, sur lequel il s’est littéralement acharné (avec quel brio ! Mais revenons au Président : on aura rarement assisté sur scène à un tel assassinat, tout en douceur, à petites touches. Ces dix minutes de parade silencieuse constituent la charge la plus drôle, et la performance la plus éloquente pour un artiste dont la réussite, je l’ai dit, repose d’abord sur le travail de la voix. Avec ce sketch (très accessible sur Youtube) pauvre en moyens ou en effets sonores et visuels, Laurent Gerra donne à voir et à sentir dans nos corps le terrible déficit d’incarnation de cet homme pas plus méchant qu’un autre mais tellement inégal à sa tâche, ou aux circonstances. Si j’enseignais encore, je proposerais dix bonnes minutes de Gerra à l’ouverture de chaque cours !
Source: La Croix November 07, 2016 11:57 UTC