L’un des rescapés, marxiste, dans les années 1990, m’a répondu : « une dictature est un projet économique ». Dans l’étape post-dictature, dite de « transition », les classes dominantes prétendent effacer la mémoire de la résistance à la dictature, forcer la langue à continuer à mentir. Cela leur permet de poursuivre l’explication du monde du point de vue de leur projet « libéral », de faire intégrer par plusieurs générations de « vaincus » la peur et le vocabulaire de la dictature. Même longtemps après une dictature, une partie de la population continue à vivre dans le mensonge ; la menace de la terreur reste incrustée dans les têtes. La dictature de l’oubli et du silence, le langage et la mémoire du vainqueur imposent une société de consensus de « démocratie » de basse intensité qui paralyse la divergence et la remise en cause du « modèle néolibéral », et produit des générations sans connaissance du passé.
Source: L'Humanite March 17, 2017 11:48 UTC