Hier au soir, j’ai vu un film réalisé en 2009 par Elia Suleiman, Le Temps qu’il reste. Je pense notamment au jardin des Oliviers où le père est détenu ainsi que de nombreux Nazaréens en cet été 1948. Ils sont attachés, les yeux bandés, à genoux le plus souvent, ils sont là depuis longtemps. Elia Suleiman ne dit pas un mot, connaît de longues stases, debout, figé, comique, les yeux légèrement agrandis, comme sous l’effet d’une stupeur native. J’imagine d’ailleurs les yeux de Jean Vigo, le réalisateur d’À propos de Nice, de Zéro de conduite ou de L’Atalante, les yeux agrandis d’effroi et d’émerveillement.