«[…] bien que tous confessent que ceste chair humaine soit merveilleusement bonne & delicate, tant y a neantmoins, qu’excepté la cervelle, & plus par vengeance que pour le goust & la nourriture, ils mangent entierement tout ce qui se peut trouver depuis les extremitez des orteils, jusques aux nez, oreilles & sommet de la teste.» Vous vous souvenez peut-être de cette description du cannibalisme chez les Tupinambas que Jean de Léry livrait en 1578 dans son Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil. Cette relation a nourri (au sens figuré du terme) nombre d’élaborations ethnologiques et anthropologiques sur le tabou que constitue le fait de manger son semblable. Le cannibalisme humain est une part aveugle, parce qu’elle est insoutenable, de nos imaginaires – du récit mythologique de Thyeste dévorant ses propres enfants préparés en ragoût à l’insu de son plein gré (Sénèque en fit une magnifique tragédie) jusqu’à Armin Meiwes, le cannibale de Rotenburg, qui en 2001 débita son amant, Bernd Jürgen Brandes, avant de le boulotter. Le mangeur et le mangé s’étaient rencontrés sur internet, on n’arrête pas le progrès.


Source:   Le Temps
October 19, 2024 21:28 UTC